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gémissements de la prière et non l’étude des livres, l’Epoux et non le maître, Dieu et non l’homme, l’obscurité et non la clarté ; non la lumière qui brille, mais le feu qui embrase tout de ses ardeurs et transporte en Dieu par une onction ravissante et par une affection dévorante. Ce feu c’est Dieu même, et le foyer où il se fait sentir est la sainte Jérusalem. C’est Jésus-Christ qui l’allume par l’ardeur de sa Passion brûlante, et celui-là seul en ressent les atteintes, qui s’écrie : « Mon âme a désiré s’élever et mes ossements ont demandé la mort[1]. » Celui qui désire une telle mort peut voir Dieu, car il a été dit avec vérité : « L’homme ne me verra pas sans mourir[2]. » Mourons donc et entrons dans les ténèbres ; imposons silence aux sollicitudes, aux concupiscences, aux vains fantômes de la terre, et passons avec Jésus crucifié de ce monde à notre Père, afin qu’après l’avoir vu, nous disions avec Philippe : Cela nous suffit[3], afin que nous entendions avec saint Paul : Ayant ma grâce, c’est assez[4], afin qu’avec David nous soyons dans la joie et que nous nous écriions : « Ma chair et mon cœur ont été dans la défaillance. O Dieu ! vous êtes le Dieu de mon cœur et mon partage pour l’éternité. Que le Seigneur soit béni éternellement et que tout son peuple dise : Qu’il en soit ainsi ! Amen. Amen[5] ! »

  1. Job., 7. —
  2. Exod., 35. —
  3. Joan., 14. —
  4. II Cor., 12. —
  5. Ps., 88.