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ressemblance de sa divine lumière qui nous éclaire, et en cette lumière elle-même autant qu’il est possible à la condition de notre vie et à la puissance de notre âme. Enfin, au sixième degré nous sommes arrivés à considérer dans le principe premier et souverain, dans Jésus-Christ, médiateur entre Dieu et les hommes, des merveilles qui surpassent la pénétration de l’intelligence humaine. Il nous reste donc à passer et à nous élever dans la contemplation de ces choses, non-seulement au-dessus de ce monde sensible, mais encore au-dessus de nous-mêmes. Pour arriver là, Jésus-Christ est la voie et la porte, l’échelle et le char ; il est comme le propitiatoire placé sur l’arche de Dieu, et le mystère caché aux peuples anciens, Celui donc qui tourne entièrement ses regards vers ce propitiatoire sacré ; celui qui contemple par la foi, l’espérance, la charité, la dévotion, l’admiration, l’allégresse, un hommage suprême, la louange et la. jubilation, le Seigneur crucifié ; celui-là, dis-je, fait la Pâque avec lui. Aidé de la verge de la croix, il passe la mer Rouge et s’avance de l’Egypte dans le désert. Là il goûte une manne cachée, il se repose avec Jésus-Christ dans le tombeau ; il est comme mort aux choses extérieures ; il éprouve en lui-même autant qu’il est possible en cette vie la vérité de cette parole adressée par Jésus au larron : Vous serez aujourd’hui avec moi dans le paradis[1].

C’est là le bonheur dont fut comblé le bienheureux François lorsque, dans les ravissements de sa contemplation,

  1. Luc., 23.