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des propriétés particulières et sont un en substance. Mais ces propriétés étant distinctes, il s’ensuit des qualités propres à chacune d’elles : leur pluralité personnelle, l’émanation d’un principe, un ordre non de temps mais d’origine, une émission s’opérant non par un changement de lieu mais par inspiration gratuite, par une raison d’autorité de la part de celui qui produit et envoie, par rapport à celui qui est envoyé. Ces trois personnes étant un en substance, il s’ensuit encore nécessairement qu’il y a en elles unité d’essence, de beauté, d’excellence, d’éternité, d’existence et d’immensité.

Lorsque vous considérez ces merveilles séparément et en elles-mêmes, c’est la vérité seulement qui s’offre à vos regards ; mais si vous les contemplez dans leur rapport mutuel, c’est alors que votre admiration peut se répandre en transports. Si donc vous voulez vous élever par cette admiration à la contemplation la plus sublime, ayez soin d’embrasser en vos méditations toutes ces choses réunies. C’est ce que nous enseignent les Chérubins qui se regardaient l’un l’autre le visage tourné vers le propitiatoire. Et cela n’a pas lieu sans mystère : c’est l’accomplissement de cette parole du Seigneur dans saint Jean : « La vie éternelle consiste à vous connaître, vous qui êtes le seul Dieu véritable, et Jésus-Christ que vous avez envoyé[1]. » Car nous ne devons pas admirer seulement en elles-mêmes les qualités de l’essence de Dieu et les personnes divines, mais les considérer encore dans leur rapport ineffable

  1. Joan., 17.