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une production de personne égale en noblesse au principe d’où elle sort, par voie de génération et d’amour ; si ce bien n’était pas principe éternel d’un principe se communiquant également de toute éternité, par l’amour mutuel qui procède de l’un et de l’autre, et de la sorte Père, Fils et Saint-Esprit, ce bien suprême ne serait pas, parce qu’il ne se répandrait que d’une manière imparfaite, car l’effusion qui a lieu dans le temps, en faveur de la créature, n’est qu’un point en comparaison de l’immensité de la bonté éternelle. L’effusion la plus grande que l’on puisse imaginer est donc celle où le principe communique toute sa substance et sa nature, et le bien suprême ne serait pas s’il pouvait être ou si l’on pouvait le concevoir autrement.

Si donc vous le pouvez, contemplez du regard de votre âme l’excellence de cette bonté qui est l’acte pur d’un principe aimant souverainement d’un amour gratuit et obligatoire en même temps, et opérant par cet amour une effusion de lui-même très-parfaite, naturelle et volontaire, une effusion produisant le Verbe, qui est l’expression de toute sa pensée et le Don qui renferme tous les autres dons. Vous pourrez, en considérant cette communication suprême, comprendre que la Trinité, qui est le Père, le Fils et le Saint-Esprit, existe nécessairement. En ces personnes la bonté souveraine produit naturellement une communication sans limites ; celle-ci engendre une consubstantialité parfaite ; de cette consubstantialité naît une ressemblance entière ; de ces perfections réunies,