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en elle-même, elle pénètre dans la Jérusalem céleste, elle y contemple les chœurs des anges, et y voit Dieu qui a fixé en eux sa demeure et opère toutes leurs œuvres. « Car, dit saint Bernard, Dieu aime dans les Séraphins comme charité ; il connaît dans les Chérubins comme vérité ; il est assis sur les Trônes comme équité ; il règne dans les Dominations comme majesté ; il gouverne comme principe dans les Principautés ; il protége comme salut dans les Puissances ; il opère comme vertu dans les vertus ; il éclaire comme lumière dans les Archanges ; il assiste comme piété dans les Anges[1]. » Ainsi nous reconnaissons que Dieu est toutes choses en tout, lorsque nous le contemplons en nos âmes où il habite par les dons de sa charité surabondante.

Mais, pour arriver à ce degré de contemplation, nous devons nous appuyer d’une manière spéciale et particulière sur les enseignements de la sainte Ecriture divinement inspirée, comme nous nous sommes appuyés sur la philosophie pour le degré précédent ; car l’objet principal de la sainte Ecriture est de traiter des œuvres de notre réparation. Ainsi elle nous instruit spécialement de la foi, de l’espérance et de la charité, parce que c’est par ces vertus que notre âme se reforme ; mais elle traite d’une façon plus spéciale encore de la charité ; car l’Apôtre a dit que la charité est la fin des commandements lorsqu’elle vient d’un cœur pur, d’une conscience bonne et d’une foi sincère. Elle est la plénitude de la foi[2]. Et Notre Seigneur lui-

  1. Lib. 5, de Consid., c.5 —
  2. I Tim., 1 ; — Rom., 13.