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Que l’âme croie donc et espère eu Jésus-Christ ; qu’elle s’attache à lui par l’amour. Il est le Verbe incréé du Père, le Verbe incarné et inspiré ; ou autrement : il est la voie, la vérité et la vie. En croyant en lui, comme au Verbe incréé et à la splendeur du Père, elle recouvre l’ouïe et la vue : l’ouïe pour entendre les enseignements du Sauveur, la vue pour contempler ses merveilles. En soupirant par l’espérance après le Verbe inspiré, le désir et l’amour font revivre en elle l’odorat spirituel. Enfin, en embrassant par la charité le Verbe incarné comme la source de toutes délices, et en passant en lui par les ravissements de l’amour, elle rentre en possession du goût et du toucher. Lors donc qu’après avoir ainsi recouvré ses sens, elle voit, elle entend, elle aspire, elle goûte et embrasse son Epoux, elle peut, comme l’épouse, prendre pour sujet de ses chants le Cantique des cantiques, qui est fait pour ce quatrième degré de contemplation, que personne ne comprend si le ciel ne l’en favorise, car l’expérience de l’amour le fait plus connaître que les considérations naturelles.

Une fois que dans ce degré l’âme a recouvré ses sens intérieurs pour contempler la beauté suprême, pour entendre ses harmonies inénarrables, pour aspirer ses parfums enivrants, goûter sa suavité infinie et embrasser le bien délicieux par excellence, elle se trouve disposée à passer aux ravissements par la dévotion, l’admiration et la joie qui répondent aux trois exclamations du Cantique des cantiques[1]. D’abord

  1. Cant., 3.