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émane l’amour, le nœud qui les unit. Or, ces trois choses, l’esprit qui engendre, le verbe et l’amour qui appartiennent à la mémoire, à l’intelligence et à la volonté, sont consubstantielles, coégales et coexistantes, se pénètrent et s’embrassent mutuellement. Si donc Dieu est un esprit parfait, il possède la mémoire, l’intelligence et la volonté ; il a un Verbe engendré et un amour qui émane de lui et du Verbe. Et comme ces trois choses sont distinctes nécessairement, puisque l’une est produite par l’autre ; que d’un autre côté cette distinction ne réside point dans l’essence divine et qu’elle n’est point accidentelle, il s’ensuit qu’elle est personnelle. Lors donc que l’âme se considère, elle s’élève par elle-même, comme par un miroir, jusqu’à la contemplation de la Trinité bienheureuse du Père, du Fils et de l’amour, qui sont trois personnes coéternelles, coégales et consubstantielles, de sorte que chacune des trois est en chacune des deux autres, que cependant l’une n’est pas l’autre, mais que toutes trois sont un seul Dieu.

Dans cette contemplation de son principe triple et un, au moyen des trois puissances qui la rendent son image, l’âme est aidée des lumières des sciences, qui l’enseignent et la perfectionnent, en même temps qu’elles lui offrent une triple similitude de la Trinité. En effet, toute philosophie est naturelle, rationnelle ou morale. La première traite du principe des êtres et nous conduit ainsi à la puissance du Père ; la seconde traite de la nature de notre intelligence et nous amène à la sagesse du Verbe ; la troisième nous enseigne