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jugements, il s’ensuit que cette loi est supérieure à notre âme et que nous jugeons uniquement par sa présence en nous. Mais rien n’est au-dessus de notre âme si ce n’est celui qui l’a créée. Donc notre volonté arrive aux lois divines dans ses jugements si elle se prononce avec une résolution parfaite et entière.

Le désir a pour fin principale la chose qui l’excite par-dessus tout. Or, nous désirons par-dessus tout ce que nous aimons le plus ; et ce principal objet de notre amour, c’est le bonheur. Mais le bonheur réel ne se trouve que dans le bien suprême et notre fin dernière, et le désir de l’homme ne soupire qu’après un tel bien, ou après ce qui y conduit ou en est la ressemblance. L’entraînement vers ce bien est tel que la créature ne saurait rien aimer qu’en le désirant lui-même ; seulement elle se trompe et elle est dans l’erreur lorsqu’elle prend une vaine image et un fantôme pour la réalité.

Voyez donc combien l’âme est proche de Dieu, et comment la mémoire nous conduit à son éternité, l’intelligence à sa vérité, et la volonté à sa bonté suprême. Admirez ensuite comment l’ordre, l’origine et l’habitude de ces trois puissances nous font arriver jusqu’à la Trinité bienheureuse. La mémoire produit l’intelligence, qui est comme sa fille, car nous comprenons quand la ressemblance de l’objet qui repose en la mémoire est venue se placer à la lumière de l’intelligence ; et cette ressemblance n’est autre chose que notre verbe. De la mémoire et de l’intelligence