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ne peut être connu par lui-même sans qu’on connaisse en même temps les conditions de son existence:l’unité, la vérité, la bonté. D’un autre côté, l’être peut s’offrir à nous comme complet ou incomplet, parfait ou imparfait, existant à l’état de puissance ou d’acte, comme être sous certains rapports ou simplement, comme partiel ou total, transitoire ou permanent, comme être par lui-même ou à l’aide d’un autre, comme joint à un autre ou seul, dépendant ou indépendant, comme conséquence ou principe, comme changeant ou immuable, comme simple ou composé ; et comme ce qu’il renferme de négatif et de défectueux ne peut être connu que par ce qui est positif et réel, notre intelligence n’arrive jamais à bien définir l’être créé si elle n’est aidée par l’idée de l’être pur, actuel, complet et absolu par excellence, et cet être n’est autre que l’être simple et éternel, en qui sont contenues en toute leur pureté les raisons de toutes choses. Comment, en effet, notre esprit comprendrait-il qu’un être est défectueux et incomplet s’il n’avait aucune connaissance de l’être exempt de tout défaut ? Et ainsi des autres conditions dont nous venons de parler.

Notre intelligence embrasse réellement le sens des propositions lorsqu’elle sait avec certitude qu’elles sont vraies ; et savoir cela, c’est connaître que ces propositions sont telles que nous les comprenons et que leur vérité ne peut être autre. Alors notre esprit sait donc que cette vérité est immuable; mais comme il est lui-même soumis au changement, il ne peut la