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immuables et inaltérables, parce qu’elles existent nécessairement ; indépendantes de notre volonté, sans limites et sans fin, parce qu’elles sont éternelles ; indivisibles, parce qu’elles sont intellectuelles et incorporelles, non faites mais incréées, existant de toute éternité dans la pensée. divine d’où découle toute beauté comme de sa source, de sa cause et de son modèle. Ainsi elles ne peuvent être jugées avec certitude que par cette même pensée, qui n’est pas seulement le modèle formant toutes choses, mais encore la vie qui les conserve, les distingue et les maintient chacune en la forme qui lui est propre, et la règle qui dirige notre âme lorsqu’elle juge des objets que les sens lui présentent.

Maintenant on peut étendre cette contemplation en parcourant sept nombres différents qui sont comme autant de degrés pour nous élever jusqu’à Dieu. C’est saint Augustin qui nous indique cette méthode dans son Traité de la vraie religion, et surtout dans le sixième livre du Traité de la musique, où il trace la différence de ces nombres, les faisant partir des choses sensibles pour arriver jusqu’à l’Auteur de toutes choses, afin de le voir présent en tout.

Il y a donc, selon ce docteur, des nombres qui résident dans les corps, et surtout dans le son et la voix, et on les appelle les nombres des sons. D’autres sont distincts de ces premiers et ont leur siége dans nos sens ; ces nombres se rapportent aux objets qui s’offrent à nous. D’autres partent de notre âme pour passer en notre corps, comme il arrive lorsque nous