Page:Saint Bonaventure - Oeuvres spirituelles de S Bonaventure,Tome III, trad Berthaumier, 1854.djvu/171

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

génératrice qui lui est propre, cette image, dis-je, s’étend de son objet dans tout le milieu qui le sépare de nous, et s’unit à la créature raisonnable, par un bienfait de sa grâce, comme toute image s’unit ais sens corporel, afin de nous ramener à Dieu son Père, connue au principe de notre vie, comme à notre objet suprême. Si donc tout ce qui peut tomber sous nos sens a la vertu de produire une image de soi-même, il est évident que dans toutes ces choses, comme en autant de miroirs, nous pouvons contempler l’éternelle génération du Verbe, image et Fils de Dieu, émanant de toute éternité du sein de son Père.

De même l’image qui nous réjouit comme belle, suave et salutaire, nous amène à comprendre que, dans l’image première, il y a la beauté, la suavité et le salut par excellence ; qu’elle possède une proportion entière et une égalité parfaite avec le principe qui l’engendre ; qu’en elle il y a une vertu qui se répand et que nous embrassons en réalité, et non comme une ombre vaine ainsi que dans les autres choses ; que son impression est, pour celui qui la reçoit, le salut, l’abondance et la fin de toute misère. Si donc le bonheur réside en l’union avec ce qui nous convient ; si d’un autre côté l’image parfaite de Dieu seul est souverainement belle, suave et salutaire ; si elle s’unit seule à nous réellement, intimement et avec une plénitude qui remplit toute la capacité de notre âme, il s’ensuit qu’en Dieu seul, comme en la source, est le bonheur véritable, et que toutes les joies produite