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donc la cause de la délectation perçue par les sens en l’objet ; on examine pourquoi il est beau, suave et bienfaisant, et l’on trouve que c’est parce qu’il y a proportion d’égalité entre ces trois choses. Cette raison d’égalité est la même dans un objet grand que dans un petit ; elle est indépendante des dimensions ; ce qui passe ne l’entraîne point à sa suite, et les mouvements ne sauraient l’altérer. Les lieux, le temps et le changement ne font rien sur elle, et ainsi elle est immuable, sans limites, éternelle et entièrement spirituelle.

Le discernement est donc l’acte qui fait entrer en la puissance intellectuelle, en faisant abstraction de tout le reste, l’objet extérieur perçu par les sens, C’est ainsi que tout ce monde doit entrer dans notre âme par la porte des sens en suivant les trois opérations dont nous venons de parler.

Tels sont les vestiges à l’aide desquels nous pouvons contempler notre Dieu. Chacune des choses saisies par notre esprit étant une image véritable de l’objet qui lui donne naissance, et cette image, une fois imprimée en nous, nous conduisant par cette impression à la connaissance de son principe ou de son objet lui-même, tout cela nous montre clairement que la lumière éternelle doit, comme tout objet, engendrer également une image ou une splendeur qui lui soit égale, consubstantielle et coéternelle. Or, cette image, cette ressemblance parfaite, cette splendeur de la gloire, cette expression réelle de la substance, du Dieu invisible et présent partout avec la puissance