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qu’on tienne compte de sa forme, de sa vertu et de son action, selon qu’elle se rapporte au principe d’où elle émane, au milieu vers lequel elle passe, et à la fin vers laquelle elle tend, il s’ensuit que ces proportions doivent être considérées en tout objet à raison de sa forme, et alors elles s’appellent beauté ; car la beauté c’est l’équilibre parfait de plusieurs choses, ou autrement l’accord des parties entre elles joint à la suavité du coloris. En second lieu, ces proportions doivent s’étendre à la vertu ou puissance de l’objet, de façon que cette vertu dans son action ne déborde point l’âme qui la renferme, et alors il y a suavité, car le sens s’attriste dans les choses extrêmes et il se réjouit dans les moyennes. En troisième lieu, les proportions doivent exister dans l’action de l’objet et dans l’impression qui en résulte : ce qui a lieu quand cette action remplit complètement le besoin de celui qui la subit, et alors il se fait sentir quelque chose de salutaire et de fortifiant ; c’est surtout par le toucher et le goût qu’on l’éprouve. C’est ainsi que l’image des choses délectables entre du dehors en notre âme pour la réjouir selon la triple manière qui leur est propre.

Après qu’on a embrassé les objets et qu’on les a goûtés, on les discerne, et ce discernement ne consiste pas seulement à reconnaître s’ils sont blancs ou noirs, ce qui ne regarde que le sens extérieur ; s’ils sont nuisibles ou bienfaisants, ce qui ne se rapporte qu’au sens intérieur ; mais encore à se rendre raison de la joie qu’ils produisent. Dans cet acte on recherche