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que le nombre, la grandeur, la forme, le repos, le mouvement ; nous découvrons également que tout ce qui est mû l’est par un autre, que certaines choses ont en elles-mêmes leur mouvement et leur repos, comme les animaux ; et de ces mouvements des corps dont nos sens nous instruisent, nous arrivons à la connaissance des moteurs spirituels, comme de l’effet on arrive à la cause.

Tout le monde sensible, quant à ces trois genres, entre donc dans notre âme par l’appréhension. Cependant tous ces objets, qui sont extérieurs, y pénètrent non en leur propre nature, mais en leurs images. Ces images se forment d’abord dans un lieu intermédiaire et distinct ; de là elles passent en nos organes extérieurs, qui les transmettent au sens intérieur, et celui-ci les conduit jusqu’à la puissance intellectuelle, qui les saisit. Ainsi les images de tout ce qui nous arrive du dehors, ayant d’abord pris naissance dans ce lieu intermédiaire, et étant transportées en nos organes, la faculté compréhensive de notre âme se retourne sur elles et les embrasse sans exception.

Quand l’objet que nous avons ainsi embrassé nous convient, le plaisir en suit la perception. Le sens se réjouit en cet objet ou à cause de sa beauté lorsqu’il lui est arrivé par la vue, ou à cause de sa suavité lorsqu’il le perçoit par l’odorat et par l’ouïe, ou à cause de ses effets salutaires lorsque c’est le goût et le toucher proprement dit qui agissent.

Or, tout plaisir veut être renfermé en des proportions qui lui conviennent ; mais chaque chose exigeant