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mêmes philosophes, de mouvoir les corps célestes et par là de gouverner l’univers, après avoir reçu de la cause première, qui est Dieu, la puissance d’action nécessaire à l’accomplissement d’une telle charge. Selon les théologiens, le gouvernement du monde est également confié à ces esprits par un commandement du Dieu suprême, mais en ce qui concerne l’œuvre de notre rédemption ; d’où ils sont appelés des esprits envoyés pour servir et aider ceux qui doivent être les héritiers du salut[1].

L’homme, qui est nommé le petit monde, a cinq sens, qui sont comme autant de portes destinées à introduire en son âme la connaissance des choses sensibles. Par la vue, entrent les corps célestes et lumineux et les couleurs ; par le toucher, les corps solides et terrestres ; par les trois autres, tout ce qui tient le milieu entre ces deux premières sortes de corps, comme les choses aqueuses par le goût, les choses de l’air par l’ouïe, et les choses vaporeuses par l’odorat, et celles-ci empruntent une de leurs parties à l’eau, une autre à l’air et une troisième au feu, comme on le voit par la fumée qui s’exhale des parfums. Par ces portes des sens entrent donc les corps simples et les corps composés. Et ce ne sont pas seulement certaines choses sensibles et particulières que nous percevons ainsi, comme la lumière, le son, l’odeur et la saveur, et les quatre qualités premières qui viennent frapper le toucher en chaque corps, mais encore des choses sensibles, communes, telles

  1. Hebr., 1.