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puissance souveraine, de sa sagesse et de sa bonté[1]. Et le sens de la chair l’annonce d’une triple manière au sens intérieur, car il aide à l’intellect qui examine par le raisonnement, croit par la foi, et contemple au moyen des lumières acquises. Or, par la contemplation il considère l’existence actuelle des choses, par la foi leur cours habituel, et par le raisonnement leur excellence admirable.

Et d’abord l’intellect contemplant ainsi les choses en elles-mêmes, y découvre le poids, le nombre et la mesure : le poids quant au lieu où elles inclinent, le nombre quant à la diversité qui les distingue, la mesure quant aux limites qui les circonscrivent. Par là il voit en elles le mode, la beauté et l’ordre, ainsi que la substance, la vertu et l’opération ; et ainsi il peut s’élever, comme au moyen d’un indice qui le guide, à comprendre la puissance, la sagesse et la bonté sans limites du Créateur.

Ensuite l’intellect fixant sur le monde le regard de la foi, en considère l’origine, le cours et la fin : car par la foi nous croyons que les siècles ont été préparés pour recevoir la parole de vie[2] ; que les temps de la loi de nature, de la loi écrite et de la loi de grâce se sont succédé et accomplis dans un ordre parfait, et enfin que ce monde aura pour terme le jugement dernier ; et ainsi nous découvrons dans la première de ces choses la puissance du principe suprême, dans la seconde sa providence, et dans la troisième sa justice.

Le raisonnement, poursuivant également ses recherches,

  1. Eccl., — 24 ; — Sap., 13 ; —
  2. Hebr., 11.