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nature, l’homme fut créé apte à goûter le repos de la contemplation, et c’est pour cela que Dieu le plaça dans un paradis de délices. Mais s’étant porté de la vraie lumière à un bien passager, il se trouva par sa propre faute incliné vers la terre, ce qui imprima à la nature humaine une double misère : l’ignorance de l’esprit et la concupiscence de la chair. Ainsi l’homme est aveugle et assis au milieu des ténèbres ; il ne voit point la lumière du ciel si la grâce, aidée de la justice, ne lui vient en aide contre sa concupiscence, si la science, accompagnée de la sagesse, ne dissipe son ignorance ; et tout cela s’accomplit par Jésus-Christ, qui a été établi par Dieu pour être notre sagesse et notre justice, notre sanctification et notre rédemption[1]. Etant la vertu et la sagesse même de Dieu, le Verbe incarné plein de grâce et de vérité, il a répandu sur nous la grâce et la vérité. Il nous a donné la grâce de la charité qui, partant d’un cœur pur, d’une bonne conscience et d’une foi sincère, reforme l’âme tout entière selon le triple aspect dont nous avons parlé. Il nous a enseigné la vérité selon les trois modes de la théologie. Par les symboles il nous a appris à bien user des choses sensibles ; par la réalité, à faire de même pour les choses intellectuelles et par la mysticité, à nous porter aux choses placées au-dessus de nous-mêmes.

Celui donc qui veut s’élever à Dieu, doit, après avoir évité le péché, qui défigure sa nature, exercer les puissances dont nous venons de parler à acquérir

  1. Cor., 1.