Page:Saint Bonaventure - Oeuvres spirituelles de S Bonaventure,Tome III, trad Berthaumier, 1854.djvu/158

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

selon que nous considérons Dieu comme le commencement et la fin de tout, selon que nous le contemplons en chacun d’eux comme par un miroir et comma en un miroir, ou bien enfin selon que chacune de ces considérations se fait en elle-même ou jointe à un autre, il est nécessaire de former six degrés de ces trois. Et de même que Dieu a consacré six jours à la création de l’univers et s’est reposé le septième, de même il faut que le monde inférieur soit conduit au parfait repos de la contemplation en passant par six degrés successifs d’illumination. Cet ordre était figuré par les six degrés qui conduisaient au trône de Salomon. De même les séraphins que vit Isaïe avaient six ailes, de même encore Dieu n’appela Moïse du milieu de la nuée qu’après six jours, et ce fut également six jours après les avoir avertis que Jésus-Christ conduisit ses disciples sur la montagne et qu’il fut transfiguré en leur présence[1].

Selon ces six degrés d’élévation à Dieu, notre âme possède donc six degrés ou puissances pour monter des choses les plus basses aux plus élevées, des choses extérieures aux intérieures, des choses temporelles à celles de l’éternité. Ce sont : les sens, l’imagination, la raison, l’intellect, l’intelligence, le sommet de l’esprit ou autrement l’étincelle de la conscience. Ces degrés ont été implantés en nous par la création, défigurés par le péché, rétablis par la grâce, purifiés par la justice, exercés par la science, et rendus parfaits par la sagesse. Selon l’institution première de notre

  1. III Reg., 10 ; — Is., 6 ; — Exod., 24 ; — Matt., 17.