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sans effet si elles ne sont assistées du secours d’en haut ; mais ce secours n’est donné qu’à veux qui l’implorent avec dévotion et humilité, et cette prière fervente est ce que l’on appelle soupirer vers la grâce divine en cette vallée de larmes. L’oraison est donc le principe et la source de notre élévation vers Dieu. Aussi saint Denis, roulant, nous instruire de ce qui concerne les ravissements de l’âme, donne-t-il l’oraison comme premier moyen. Prions donc et disons au Seigneur notre lieu : Conduisez-moi, Seigneur, dans votre voie, et faites-moi entrer en votre vérité. Que mon cœur se réjouisse dans la crainte de votre nom[1].

En priant ainsi nous recevons la lumière qui nous lait connaître les degrés par où nous devons nous élever. Car dans l’état de notre nature, l’universalité des choses est une échelle destinée à nous faire mouler vers Dieu ; et, parmi ces choses, les unes nous offrent une trace de la puissance de leur auteur, les autres nous en représentent une image ; les unes sont corporelles, les autres spirituelles ; les unes sont temporelles, les autres éternelles ; les unes sont placées hors de nous, les autres nous sont intérieures. Or, pour arriver à la considération du premier principe, qui est essentiellement spirituel et éternel, et en même temps placé au-dessus de nous, il nous faut passer à travers ce qui nous est une trace de sa puissance ; c’est l’être corporel, extérieur et temporel. Ce passage est ce qu’on appelle être conduit dans la

  1. Ps., 85.