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céleste lumière. Je commence donc par inviter, au nom de Jésus crucifié, dont le sang nous purifie des souillures de nos crimes, celui qui lira cet ouvrage, à s’exercer aux gémissements de la prière, et je le conjure de ne pas croire qu’il suffise de la lecture sans l’onction, de la considération sans la dévotion, de la recherche sans l’admiration, de l’attention profonde sans la joie du cœur, de l’habileté sans la piété, de la science sans la charité, de l’intelligence sans l’humilité, de l’application sans la grâce, et de la lumière sans le souffle de la divine sagesse. C’est à ceux que la grâce céleste a prévenus, à ceux qui sont humbles et pieux, aux cœurs pleins de componction et de dévotion, aux cœurs marqués de l’onction suave d’une sainte joie, épris de l’amour de la sagesse suprême et embrasés du désir de la posséder, à ceux qui veulent sincèrement s’appliquer à glorifier Dieu, à l’aimer et à le goûter, c’est, dis-je, à ceux-là que je propose les considérations renfermés en ce livre, et je les prie de se souvenir que la lumière extérieure est peu de chose, ou même n’est rien, si le miroir de notre âme n’a été d’abord purifié et rendu propre à en réfléchir l’éclat. Commencez donc, ô homme de Dieu, par tourner vos regards vers l’aiguillon de votre conscience et par écouter les reproches qu’elle vous adresse, avant de les élever vers les rayons de la sagesse qui se répandent dans le miroir de votre âme, de peur que leur lumière éclatante ne vous éblouisse et ne vous fasse tomber dans un ultime de ténèbres plus profondes.