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Comme à l’exemple de notre bienheureux père, dont je suis, malgré mon indignité parfaite, le septième successeur dans la charge de supérieur général de mes frères, je brûlais du désir de trouver la paix ; il m’est arrivé, par une grâce du ciel, de me retirer au mont Alverne, comme en un lieu de repos, afin chercher cette paix de l’âme, trente-trois ans après que saint François y eut séjourné. Là méditant par duels exercices spirituels je pourrais m’élever jusqu’à Dieu, je me rappelai entre autres choses le miracle arrivé à notre père en ce lieu même, la vision d’un séraphin ailé, qui lui apparut crucifié. Après y avoir réfléchi, il me sembla aussitôt que cette vision nous représentait le ravissement de François en sa contemplation, et qu’elle nous montrait la voie pour y parvenir. Car par les six ailes du séraphin on peut entendre six élévations diverses où l’âme est illuminée successivement, et qui lui sont comme autant de degrés pour arriver, au milieu des ravissements enseignés par la sagesse chrétienne, à la possession de la paix.

Or, la voie qui y conduit n’est autre qu’un amour très-ardent pour Jésus crucifié ; c’est cet amour qui, après avoir ravi saint Paul jusqu’au troisième ciel, le transformera en son Sauveur, de telle sorte qu’il s’écriait : Je suis attaché à la croix avec Jésus-Christ. Je vis ; mais non, ce n’est plus moi qui vis, c’est Jésus-Christ qui vit en moi[1]. C’est cet amour qui absorba tellement l’âme de François que ses trace,

  1. Gal., 2.