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un autre souverain, les protecteurs des crimes et des désordres dont ils se faisoient justement les vengeurs dans leurs propres états. Le pape prit enfin la résolution d’abolir un usage dont les conséquences, de jour en jour plus fâcheuses, ne pouvoient plus se supporter. Tous les princes de l’Europe accédèrent à une demande aussi légitime : le seul Louis XIV se montra intraitable ; et c’est alors qu’il prononça cette parole que l’on peut considérer comme l’expression la plus extraordinaire de l’orgueil en délire : « Je ne me suis jamais réglé sur l’exemple des autres ; c’est à moi à servir d’exemple. » Le pape qui se croyoit le maître chez lui et que soutenoit ce consentement unanime des autres cours de la chrétienté, crut devoir passer outre ; et le duc d’Estrées, ambassadeur de France, étant mort, il fut déclaré qu’il n’y aurait plus de franchises autour de son palais. A peine le roi en eut-il reçu la nouvelle, qu’il fit partir, pour le remplacer, le marquis de Lavardin, avec ordre exprès de maintenir les anciens usages. Le pape refusa de le recevoir ; ce qui ne l’empêcha point de faire dans Rome une entrée insolente, au milieu d’un cortége qui ressembloit à une armée plutôt qu’à la suite d’un ambassadeur ; et traversant ainsi, avec grand fracas, les principales rues de la ville, il alla prendre possession du palais Farnèse, comme