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ce qui y étoit réellement, c’est-à-dire l’atteinte la plus grave qu’un prince, qui prétendoit ne se point séparer du Saint-Siége, eût portée à la juridiction de l’Église, depuis l’odieuse querelle des investitures ; et deux évêques qui étoient malheureusement, dit encore Voltaire, les deux hommes les plus vertueux du royaume, ayant refusé de se soumettre à l’ordonnance, le pontife à qui ils portèrent leur appel déploya, en cette circonstance, tout ce que l’autorité de chef de l’Église avoit de force et de majesté. Dans divers brefs qu’il adressa au roi lui-même, tout en le félicitant de ce qu’il avoit fait pour le bien de la religion, il l’invitoit à prendre garde que sa main gauche ne détruisît pas ce que sa droite avoit édifié ; il y appeloit la maladie du temps[1] cette disposition à empiéter sur le gouvernement du Saint-Siége ; et certes l’expression étoit modérée. Cette maladie, arrivée alors à son paroxisme, datoit de loin en France ; tous ses rois, depuis long-temps, en avoient été plus ou moins attaqués, ainsi que leurs ministres ; l’opposition constante du clergé, y avoit seule apporté quelques palliatifs ; cette fois-ci il sembloit conspirer avec le prince pour accroître les progrès du mal.

Les remontrances du pape au roi, loin d’ébranler Louis XIV, ne firent qu’irriter son or-*

1 Reboulet, t. 2, in-4o, p. 294.