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furent les conditions intolérables auxquelles ses états lui étoient rendus, qu’il aima mieux, et c’était noblement agir, vivre en simple particulier dans des cours étrangères, que de les reprendre à ce prix déshonorant. Enfin le pape protesta de nouveau et solennellement contre une paix où les princes chrétiens sembloient se plaire à sanctionner une seconde fois les outrages que leur indifférence avoit déjà faits à la religion, lors de la paix de Munster ; et l’on ne fut pas plus ému cette fois-ci que l’autre de ses protestations.

(1680-1681) C’est alors que Louis XIV sembla être parvenu au comble des grandeurs humaines, et que, dans son orgueil, il put jouir pleinement de cette gloire qu’il avoit poursuivie avec tant d’ardeur, la possédant enfin telle qu’il l’avoit imaginée et telle que la concevoit ce peuple de flatteurs dont il était entouré ; c’est alors surtout que l’admiration et le respect se changèrent pour lui en une espèce d’adoration. L’Europe, dont il avoit humilié presque tous les souverains, était pleine de sa renommée ; ses sujets et ses ennemis eux-mêmes lui avoient décerné comme à l’envi le surnom de Grand[1] ; au milieu de

1 Les Hollandois, qui l’avoient outragé autrefois par des médailles insolentes, en firent frapper une sur laquelle, autour de l’image de ce prince couronné de lauriers, on lisoit : Ludovicus magnus, orbis pacificator. (Histoire de France sous Louis XIV, par de Lahaye.)