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l’autre à Paris, en 1657, par lesquels Louis XIV, traitant d’égal à égal avec un régicide, et lui donnant même le nom de frère dans ses lettres[1], prit l’engagement de chasser de France ses cousins-germains, Charles II, roi légitime d’Angleterre, et le duc d’York, son frère[2]. Ensuite les troupes du roi et celles du protecteur durent se réunir pour attaquer de concert les Espagnols dans les Pays-Bas, et s’y emparer de plusieurs villes, qui devoient être le prix de cette alliance, et devenir la propriété de l’Angleterre. Ce plan fut exécuté : Turenne triompha à la bataille des Dunes des Espagnols et du grand Condé, pour remettre aux Anglois Dunkerque et Mardyck, qui tombèrent après cette

  1. Toutefois il est vrai de dire que ces honteux traités ne furent point l’ouvrage du jeune monarque, mais de Mazarin qui régnoit encore à sa place. Du caractère qu’il étoit, Louis XIV s’en fût sans doute indigné et ne les eût point signés.
  2. « Les enfants de Charles Ier se réfugièrent en Espagne. Les ministres espagnols éclatèrent dans toutes les cours, et surtout à Rome, de vive voix et par écrit, contre un cardinal qui sacrifioit, disoient-ils, les lois divines et humaines, l’honneur et la religion, au meurtrier d’un roi, et qui chassoit de France Charles II et le duc d’York, cousins de Louis XIV, pour plaire au bourreau de leur père. Pour toute réponse aux cris des Espagnols, on produisit les offres qu’ils avoient faites eux-mêmes au protecteur. (Voltaire.) » Ainsi la France mettoit au jour la honte de l’Espagne, mais ne se lavoit point de la sienne ; et ceci ne prouvoit autre chose, sinon qu’il y avoit entre les deux cabinets rivalité de bassesse et d’immoralité.