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la France seule pouvoit lui offrir, et par la crainte même que lui inspiroit son neveu dont il n’ignoroit pas les liaisons avec la faction qui lui étoit opposée, il crut faire un acte de la plus profonde politique en lui faisant épouser la princesse Marie, fille de son frère, considérant ce mariage comme un moyen assuré de le détacher des factieux et de le rendre favorable à une paix générale qu’il ne désiroit pas moins que Louis XIV, et qui seule pouvoit le tirer de cette situation difficile et de ces singuliers embarras. Ainsi Guillaume fit un pas de plus vers ce trône qu’il devoit un jour usurper ; et, le mariage fait, il n’en persista pas moins dans ses dispositions hostiles et dans sa haine implacable contre la France[1].

Toutefois ni ses intrigues ni ses violences ne purent empêcher les Hollandois de faire leur traité particulier. Ils y furent d’abord comme

1 Cette haine contre la France étoit telle que, désespéré de cette paix, il ne craignit point, même après qu’elle eut été conclue et signée, de se déshonorer en allant, avec des forces supérieures, attaquer le maréchal de Luxembourg qui bloquoit alors la ville de Mons, et qui, se confiant sur la foi déjà jurée, étoit loin de s’attendre à une semblable violation du droit des gens. Quoique pris à l’improviste, celui-ci battit son déloyal ennemi, lui tua quatre mille hommes, et le força de se retirer, n’emportant d’une telle action que la honte de l’avoir entreprise. Elle est désignée dans l’histoire sous le nom de bataille de Saint-Denis. (Journal historique du règne de Louis XIV.)