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si périlleuse, qu’elle décampe la nuit, repasse le Rhin avec précipitation, lui abandonnant vivres, munitions, détachements, traîneurs, et de soixante-mille hommes dont elle avoit été composée, en pouvant à peine réunir vingt mille sous ses drapeaux, tout le reste ayant été ou tué, ou pris, ou dispersé.

Les alliés ne s’attendoient point, sans doute, à d’aussi fâcheux résultats, et en étoient fort déconcertés. L’Espagne surtout, qui, loin de regagner ce qu’elle avoit perdu, s’étoit vu enlever la Franche-Comté, conçut bientôt des alarmes plus vives lorsqu’elle apprit qu’une flotte françoise étoit arrivée devant Messine, apportant des secours à cette ville révoltée (car partout, dans ces guerres entre princes chrétiens, la révolte étoit encouragée, et les rois s’en faisoient complices pour peu qu’ils y trouvassent quelque profit), et qu’à l’aide des Messinois, les troupes françoises étoient entrées dans ses murs. Ainsi, la Sicile entière, où les esprits fermentoient, se trouvoit menacée. Un projet de descente en Normandie, que devoient effectuer les flottes alliées, n’avoit point réussi ; et Ruyter, qui les commandoit, n’avoit pas été plus heureux dans une entreprise tentée sur nos colonies des Antilles. Cependant, malgré cet heureux succès de ses armes, le roi, toujours inquiet des suites de cette conjuration générale contre lui, crai-*