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sienne : il le fit cependant, et ces dernières opérations militaires de Turenne doivent être considérées comme le chef-d’œuvre de sa science et de son génie. Après avoir pourvu à la sûreté de Saverne et de Haguenau, qui fermoient aux Impériaux l’entrée de la Lorraine par la Basse-Alsace, il feignit de leur abandonner cette province, et sut les tromper si complètement sur ce point que, l’hiver approchant, ils se répandirent dans l’Alsace pour y prendre leurs quartiers d’hiver, remettant au printemps suivant la suite de leurs opérations militaires et l’invasion de la Lorraine. C’était là qu’il les attendoit. A peine s’y étoient-ils établis que l’infatigable capitaine, prenant avec lui un renfort de l’armée de Flandres qui lui avoit été envoyé, et dont, jusqu’à ce moment, il avait su prudemment se tenir séparé, rentre brusquement dans la province au milieu de l’hiver et par un froid rigoureux ; atteint, à Mulhausen, un corps de troupes ennemies qu’il n’a pas la peine de combattre, une déroute complète ayant été le résultat de cette attaque si soudaine et si imprévue ; marche sans perdre un moment à l’électeur de Brandebourg, auprès de qui toute l’armée des alliés étoit rassemblée ; par une manœuvre la plus hardie et la plus savante dont les faits militaires offrent l’exemple, prend en flanc cette armée si supérieure à la sienne, et la met dans une position