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  • fusa de le faire, et répondit des événements.

L’armée ennemie entra donc en Alsace, commandée, à la vérité, par six généraux le plus souvent divisés entre eux, et dont le plus habile étoit le moins écouté[1] ; mais telle qu’elle étoit et avec ces éléments de discorde intestine, si l’électeur de Brandebourg, qu’elle attendoit, venoit encore la grossir de ses troupes, il ne sembloit pas qu’il y eût aucun moyen de l’empêcher de pénétrer en Lorraine, de reprendre la Franche-Comté, et de mettre la Champagne au pillage. Ce péril étant donc le plus grand, l’habile général ne balança point et marcha droit à l’ennemi qu’il battit à Enzheim. Cependant, malgré cette victoire, la jonction s’effectua, et il ne paroissoit pas probable qu’avec un corps de troupes que ses renforts élevoient à peine à vingt mille hommes, il lui fût possible de se maintenir contre une armée trois fois plus forte que la

1 Ce général, plus habile que les autres, étoit encore le duc de Lorraine. Il vouloit qu’on lui donnât toute la cavalerie de l’armée, avec laquelle il se proposoit d’entrer dans ses États où un parti nombreux n’attendoit que sa présence pour se rallier à lui. Maître de la Lorraine, il coupoit aussitôt au maréchal de Turenne toutes ses communications avec la France, et lui ôtoit tout moyen de subsister, tandis que le duc de Bournonville l’auroit tenu en échec avec le reste de l’armée. Ce plan étoit sans doute le meilleur, quoique le duc l’eût proposé dans des vues intéressées ; il fut néanmoins obstinément rejeté par tous les autres généraux.