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duc de Lorraine et le comte Caprara qui commandoient les Impériaux, il étoit entré dans le Palatinat qu’il avait saccagé, ruiné, incendié avec une barbarie qui, à la vérité, lui étoit commandée, mais dont il y a peu d’exemples chez les nations chrétiennes, exerçant ce châtiment terrible sur les peuples, pour punir les prétendues infidélités de leur souverain[1].

Cependant l’armée impériale, qui étoit demeurée entre Mayence et Francfort, sans oser faire un mouvement pour s’opposer à cette dévastation du Palatinat, se grossissant de jour en jour des troupes qui accouroient se joindre à elle de tous les cercles de l’empire, et, composée maintenant de soixante mille combattants, venoit de passer le Rhin à Mayence, et la consternation qu’elle avoit répandue sur les frontières avoit pénétré jusqu’à la cour de France, et à un tel point que Turenne, à qui l’on n’avoit pu envoyer que de foibles renforts, reçut ordre d’évacuer l’Alsace et de se retirer en Lorraine. Il re-*

1 L’électeur Palatin étoit appelé infidèle pour avoir rompu son alliance avec la France, et fait cause commune avec le corps germanique dont il étoit membre, dans une cause qui intéressoit la sûreté de l’empire ! Certes, il est difficile d’abuser des termes d’une manière plus révoltante, surtout quand on s’en sert pour justifier de semblables atrocités. L’ordre en fut donné à Turenne par Louvois. Il auroit dû désobéir, et c’est une tâche à sa gloire que rien ne peut effacer.