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  • taires et la mauvaise fortune furent remarquables

dans cette circonstance comme dans tant d’autres. Contrarié de nouveau par les Espagnols au siége d’Oudenarde, qu’ils levèrent malgré lui à l’approche du prince de Condé, Guillaume alla seul avec ses Hollandois faire celui de Grave, qu’il prit enfin après une longue résistance ; et ce fut le seul exploit qui put le consoler des mauvais succès d’une campagne dont il avoit tant espéré[1].

Elle étoit encore plus malheureuse sur le Rhin, où le vicomte de Turenne, réduit à manœuvrer avec un corps de dix mille hommes, ne s’étoit montré ni moins habile ni moins entreprenant que le prince de Condé. A la tête de cette petite armée, il avoit su prévenir la jonction des deux corps dont se devoit composer l’armée d’Allemagne ; et, après avoir battu, à Seintzeim, le

1 Un historien assure que la reddition de Grave avoit été concertée entre le roi de France et le roi d’Angleterre, celui-ci ayant vivement sollicité Louis XIV d’abandonner cette place à son neveu, afin qu’il ne fût pas dit qu’ayant eu, pendant toute cette campagne, des forces si supérieures à celles de France, il l’eût achevée sans avoir remporté le moindre avantage, (Histoire de France sous Louis XIV, par le sieur de Laraye, t. 4). Il est certain que le roi ménageoit le prince d’Orange, en raison de l’influence qu’il exerçoit sur les affaires, et vouloit plaire en même temps au roi d’Angleterre. Aveugles tous les deux de ne pas reconnoître que, par sa position et par son caractère, le prince d’Orange étoit leur plus dangereux ennemi !