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  • roit par plusieurs points de ses frontières[1].

Ce fut alors que Louis XIV se montra véritablement grand, et supérieur par son courage à des événements qu’il n’avoit pas eu la prudence de prévoir ou d’arrêter. Ses troupes, les plus valeureuses et les mieux disciplinées de l’Europe, avoient encore à leur tête tous ces grands généraux qui, depuis tant d’années, avoient comme fixé la victoire sous leurs drapeaux, et ils semblèrent se surpasser eux-mêmes dans ces grandes circonstances, où il s’agissoit non pas seulement de l’honneur, mais encore du salut de la France.

Jamais plan d’attaque et de défense ne fut mieux concerté. Il étoit impossible de songer à se maintenir en Hollande : l’armée françoise en évacua les provinces, où le roi ne conserva que deux postes importants, Grave et Maëstricht. Il divisa ensuite ses troupes en trois corps d’armée,

1 Le duc de Lorraine étoit d’avis que l’on transportât le fort de la guerre dans la Franche-Comté, la France étant tout ouverte de ce côté, d’où il devoit résulter qu’au premier avantage que l’on remporteroit, ce qui étoit plus que probable avec des troupes si supérieures en nombre, les alliés entreroient sans obstacle dans la Lorraine où il avoit des intelligences et qui se soulèveroit immanquablement. Ce projet, mieux conçu que celui qui fut suivi, et dont l’exécution eût jeté la France dans de grands embarras, fut rejeté par l’empereur et le roi d’Espagne qui préféroient faire la guerre en Flandres et sur les bords du Rhin, dans l’espoir d’y faire des conquêtes plus à leur bienséance et plus faciles à conserver. (Mém. du marquis de Beauveau.)