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étoit à la tête de cette petite armée, aussi brave que disciplinée, et recommença devant l’ennemi ses prodiges accoutumés. Ses marches savantes, qu’il poussa jusque dans le cœur de l’Allemagne, empêchèrent la jonction des Impériaux et des Brandebourgeois avec l’armée hollandoise. Après avoir mis à contribution l’électeur de Trèves, dont il apprit les liaisons secrètes avec l’empereur, il réduisit les électeurs Palatin et de Mayence à refuser passage aux Impériaux, qui, n’ayant plus d’autre ressource que de tenter de traverser le Rhin, y trouvèrent le prince de Condé pour les en empêcher. Ils s’en allèrent alors ravager les terres de l’évêque de Munster et de l’électeur de Cologne, espérant forcer ainsi ces deux princes à renoncer à l’alliance de la France ; mais l’infatigable Turenne étoit déjà sur leurs pas, et ne se contentant pas de les chasser de la Westphalie, où ils avoient espéré prendre leurs quartiers d’hiver, il ne cessa de les poursuivre et de les harceler, jusqu’à ce qu’ils les eût réduits à la nécessité de se séparer. Montécuculli, qui commandoit les troupes impériales, se réfugia en Franconie, et l’électeur de Brandebourg regagna à grande peine la capitale de ses états.

Cependant, d’un autre côté, le duc de Luxembourg avoit battu le prince d’Orange, et par une manœuvre hardie, dont un événement au dessus de la puissance de l’homme avoit seul