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peu de frais, tandis que l’Europe épouvantée commençoit déjà à se coaliser contre l’ennemi trop redoutable qui sembloit menacer son indépendance. C’étoit pour la première fois qu’elle concevoit des alarmes sur cet équilibre, auquel la paix de Westphalie avoit attaché le repos du monde civilisé, et l’on peut dire que celui qui l’avoit rompu le premier, se réjouissoit et se glorifioit comme un enfant de ses triomphes sans en prévoir les conséquences. Cependant elles ne se firent point attendre ; et ce fut au milieu des enchantements de Versailles qu’il avoit commencé à bâtir, et de ses nouvelles et si scandaleuses amours avec madame de Montespan, qu’il reçut l’avis trop certain de la triple alliance qui venoit d’être conclue entre les Hollandois, ses anciens alliés, la Suède et l’Angleterre, pour l’arrêter tout court dans ses projets ambitieux, et le forcer à faire sur-le-champ la paix avec l’Espagne.

(1668) Cette nouvelle lui parvint au moment où Louvois et le prince de Condé, tous les deux jaloux de Turenne, et chacun à sa manière[1], lui mon-*

1 Louvois, sous qui tout plioit, et qui vouloit la faveur pour lui seul, étoit profondément blessé du ton d’indépendance et quelquefois de supériorité que prenoit à son égard le maréchal de Turenne, placé trop haut dans l’estime et dans la confiance de son maître, pour qu’il pût espérer d’en faire, ainsi que des autres généraux, l’admirateur de ses conceptions et l’esclave de ses volontés. Ce fut donc lui qui détermina Louis XIV, en faisant valoir mille