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tres sujets de piété. Cette défense, en faisant disparoître à jamais ces drames barbares, détermina les confrères à renoncer à une profession qui ne leur avoit semblé honorable qu’autant qu’elle avoit été de nature à instruire et à édifier les fidèles, seul but que pouvoit se proposer une corporation religieuse[1]. Cependant, ne voulant renoncer ni à leur propriété, ni aux avantages qui y étoient attachés, ils louèrent l’hôtel de Bourgogne à une troupe de comédiens qui se forma dans ce temps-là ; et jusqu’en 1676, époque de leur entière destruction, ils continuèrent à jouir du privilége d’avoir seuls un théâtre à Paris, retirant une contribution des troupes à qui ils permettoient de s’y établir, et s’opposant à l’établissement de celles qui cherchoient à se soustraire à leur juridiction.

Les comédiens de l’hôtel de Bourgogne jouèrent assez long-temps sans aucune concurrence. Ce fut chez eux que Jodèle[2], La Pe-

  1. Ils exigeoient cependant une rétribution des spectateurs ; et le parlement, chargé de la police de leurs jeux, la fixa à deux sous, qui en valoient alors huit des nôtres. Leurs représentations commençoient à une heure après midi, et duroient jusqu’à cinq heures sans intervalle. L’arrêt qui fixoit le prix des places, ordonnoit en outre qu’ils paieroient mille livres par an au trésorier des pauvres de la ville.
  2. Jodèle fit jouer ses premières pièces sur deux théâtres qu’on