Page:Saint-Victor - Tableau historique et pittoresque de Paris, 1827, T4 P1.djvu/316

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de drame, qui fut désigné sous le nom de moralité. C’étoit un mélange d’êtres purement allégoriques, mêlés avec des personnages vivants, mélange dont ils reconnurent bientôt la froideur et l’insipidité, de manière que, pour rendre leurs spectacles plus piquants, ils transigèrent avec les Enfants sans souci, qui leur permirent de représenter des sottises et des farces, et reçurent en échange la liberté d’introduire des moralités sur leur théâtre. On abandonna les mystères pour ces spectacles, plus variés et plus piquants, de manière que les confrères, pour rappeler à leur théâtre le public que leur enlevoient les Enfants sans souci, se virent forcés de les admettre à jouer de concert avec eux. Les scènes pieuses se trouvèrent alors entrecoupées d’intermèdes profanes et de bouffonneries, ce qui fut appelé le jeu des pois pilés. Telles étoient les extravagances bizarres qui, pendant long-temps, firent les délices de nos aïeux. Toutefois il ne faut point oublier que toutes ces associations ou confraternités étoient composées de personnes libres, qui n’avoient d’autre but que de

    sans souci, eurent plus d’une fois besoin d’être réprimés pour l’insolence de leurs satires et de leurs allusions, dans lesquelles ils n’épargnèrent pas même la personne du bon roi à qui ils étoient redevables de leur dernier théâtre.