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étoit bien différent. Il étoit occupé par plusieurs échafauds placés les uns au-dessus des autres, et que l’on nommoit établies. Le plus élevé représentoit le paradis ; celui qui étoit immédiatement au-dessous, l’endroit le plus éloigné du lieu de la scène ; le troisième en descendant, le palais d’Hérode, la maison de Pilate, et ainsi des autres, suivant le mystère qu’on représentoit. Sur les parties latérales de ce même théâtre étoient pratiqués des gradins en forme de chaire ; c’étoit là que les acteurs s’asseyoient lorsqu’ils avoient joué leur scène, ou qu’ils attendoient leur tour à parler. Ainsi, au moment même où le mystère commençoit, les spectateurs avoient sous les yeux tous ceux qui devoient y paroître ; c’étoit là tout l’artifice ; on n’y entendoit pas d’autre finesse, et un acteur étoit censé absent dès qu’il s’étoit assis. À la place de ces trappes, au moyen desquelles on descend aujourd’hui sous la scène, l’enfer étoit représenté par la gueule d’un énorme dragon, laquelle s’ouvroit et se refermoit pour laisser entrer et sortir les diables. Que l’on ajoute à cela une espèce de niche avec des rideaux, formant une chambre où se passoient les choses qui ne devoient pas être vues du public, telles que l’accouchement de sainte Anne, de la Vierge, etc., et l’on aura une idée assez complète de l’appareil théâtral des confrères de la Passion.