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y fut représenté, les obstacles qu’il leur fallut combattre, le succès prodigieux qu’ils obtinrent, leur transmigration de l’abbaye Saint-Maur à l’hôpital de la Trinité, que l’on peut considérer comme le berceau de la scène françoise, de là à l’hôtel de Flandre, et enfin à l’hôtel de Bourgogne, dont ils devinrent les propriétaires, et qui vit cesser presque aussitôt leurs spectacles, après cent cinquante ans d’existence[1]. Il convient peut-être de donner ici quelque idée de ce nouveau genre de composition dramatique.

Il n’offroit, comme on peut bien l’imaginer, ni unité d’action, ni unité de lieu, ni dessein, ni invention, ni conduite, enfin aucunes traces des règles du théâtre. Un de ces mystères, parmi ceux que le temps a laissé parvenir jusqu’à nous, se compose de cinq journées, subdivisées en une multitude infinie d’actions et de scènes écrites généralement d’un style plat et barbare, entièrement dépourvues d’intérêt, quelquefois même de sens commun[2], mais of-

  1. Voyez tome 2, 1re partie, p. 495.
  2. L’action duroit souvent un demi-siècle, et quelquefois davantage. Jésus-Christ prononçoit des sermons moitié françois, moitié latins ; s’il donnoit la communion aux apôtres, c’étoit avec des hosties. Dans sa transfiguration sur le mont Thabor, on le voyoit paroître entre Moïse et le prophète Élie, en habit de Carme.