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entreprises hasardeuses et lointaines ; et s’exagérant encore les dangers très réels qu’on y couroit, la force et la férocité des ennemis qu’il y falloit combattre, le peuple écoutoit avec avidité, et croyoit sans examen toutes les merveilles les plus absurdes qu’on pouvoit en raconter. Pour accroître encore des dispositions si favorables, les croisés qui revenoient de la Palestine étoient dans l’usage de parcourir les villes, vêtus de l’habit de pélerin, chantant des cantiques spirituels et récitant les singularités ou les miracles des diverses contrées qu’ils avoient visitées. Isolés d’abord, ils formèrent bientôt de petites troupes et imaginèrent de donner à leurs récits une forme dramatique, en les coupant en dialogues ou versets, que chacun d’entre eux déclamoit ou chantoit à son tour. Ces spectacles se donnoient dans les rues, quelquefois sur des échafauds dressés dans les carrefours ou sur les places publiques ; et ce fut seulement en 1398 qu’une société de ces pieux histrions, parmi lesquels on comptoit, dit-on, quelques bourgeois de Paris, conçut le projet de donner une forme plus régulière à ces spectacles bizarres, et de mettre plus de magnificence dans leur représentation. Telle fut l’origine des confrères de la Passion. Nous avons déjà fait connoître le lieu qu’ils choisirent pour leurs premiers essais, le mystère qui