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  • roit l’excuser ? En fut-il jamais de plus dure ; de

plus injuste, de plus cruelle même, et d’un plus dangereux exemple ? Quel triomphe pour le roi de France de se montrer plus puissant que le pape, comme prince temporel, et sous ce rapport, de ne mettre aucune différence entre lui et le dey d’Alger ou la république de Hollande ; de refuser toutes les satisfactions convenables à sa dignité, que celui-ci s’empressoit de lui offrir à l’occasion d’un malheureux événement que les hauteurs de son ambassadeur avoient provoqué, et dont il lui avoit plu de faire une insulte[1] ; de violer en lui tous les droits de la souveraineté en le citant devant une de ses cours de justice et en séquestrant une de ses provinces ; de le forcer, par un tel abus de la force, à s’humilier devant lui par une ambassade extraordinaire[2], dont l’effet immanquable étoit d’affoiblir, au

1 Voltaire dit lui-même que le duc Créqui avoit révolté les Romains par ses hauteurs ; que ses domestiques commettoient dans Rome les mêmes désordres que la jeunesse indisciplinable de Paris ; que ses laquais avoient chargé, l’épée à la main, une escouade de Corses qui protégeoit les exécutions de justice.

2 Avant d’en venir là, le pape avoit vainement employé tous les moyens de conciliation ; il avoit fait pendre quelques-uns des soldats qui avoient insulté l’hôtel de l’ambassade ; il avoit fait sortir de Rome le gouverneur de cette ville, soupçonné d’avoir favorisé l’attentat. Ni ces actes de déférence, ni les paroles de paix qu’il lui fit porter, ne purent fléchir le roi. Pour l’apaiser quand on l’avoit offensé, il falloit qu’on se mît sous ses pieds. On sait à