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que ce pouvoir sans bornes qu’il exerçoit, et cette obéissance servile qu’il exigeoit de tous, et depuis le premier jusqu’au dernier, et au devant de laquelle tous sembloient courir, étoient en effet le seul principe de ce mouvement prodigieux qui s’opéroit autour de lui, de l’ordre, de la paix, de la prospérité dont jouissoit la France à l’intérieur, de l’étonnement mêlé d’une sorte de crainte qu’elle inspiroit aux étrangers. Il arriva donc que le monarque le plus absolu de l’Europe en devint aussi le plus orgueilleux. Son ambassadeur à Londres avoit été insulté par celui d’Espagne, à l’occasion du droit de préséance : il exigea, avec trop de hauteur peut-être et avec un sentiment trop vif de sa supériorité, une satisfaction proportionnée à l’offense[1] ; toutefois on doit dire qu’il étoit en droit de l’exiger, même en lui reprochant d’avoir usé trop rigoureusement de son droit ; mais sa conduite avec le pape, dans l’affaire du duc de Créqui, qui pour-*

  • jugés et à ses préventions ; mais comme son caractère était la franchise

même, on doit le croire, lorsque ce qu’il dit est expliqué et confirmé par les faits.

1 Il rappella l’ambassadeur qu’il avoit à Madrid, fit sortir de France celui d’Espagne, et déclara à son beau-père que, s’il ne reçonnoissoit la supériorité de la cour de France et ne lui faisoit pas une satisfaction solennelle d’un tel affront, la guerre alloit recommencer. Philippe IV étoit loin de pouvoir accepter un pareil défi ; il lui fallut s’humilier ; « et cette cour encore fière, dit Voltaire, murmura long-temps de son humiliation. »