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Le portail de l’église, commencé en 1733, est d’un style bien différent : on le doit au célèbre chevalier Servandoni ; et ses grandes proportions, la hardiesse de son dessin, les grands effets qu’il produit, tout décèle ici le génie élevé de ce décorateur fécond, dont les compositions pittoresques pour les fêtes publiques et les scènes théâtrales firent pendant si long-temps les délices de l’Europe. En établissant son portail sur une aussi grande échelle, en adoptant pour ses lignes un si grand parti, cet artiste fit triompher la noble et antique architecture de ce style maigre et sans caractère, de ces formes brisées et de ce tortillage continuel, dont le système bizarre, et qu’on peut regarder comme une espèce de mode françoise, étoit parvenu à dégrader jusqu’à la majesté des temples.

La direction des ordres dorique et ionique de ce portail[1], dont les entablemens suivent toute l’étendue de la façade, sur une longueur de cent quatre-vingt-quatre pieds sans

1 Les colonnes du premier ordre ont cinq pieds de diamètre et quarante de hauteur ; leur entablement est de dix pieds : celles du second ordre ont trente-huit pieds de haut sur un diamètre de quatre pieds trois pouces, et neuf pieds d’entablement. On monte au porche par un perron de vingt-deux marches, auquel on reproche de n’avoir pas assez de développement, ce qui ôte à l’ordre inférieur beaucoup de sa majesté ; mais Servandoni fut obligé de le renfoncer ainsi dans l’intérieur, parce qu’il élevoit son portail