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monarque

qu’épouvantoient tant de symptômes de destruction dont il étoit environné. C’étoit donc là qu’avoient abouti tant de triomphes et de gloire, des prodiges d’administration, cet éclat dont brilloient les sciences, les lettres et les arts, cette amélioration de l’agriculture et ces progrès du commerce, à attacher les destinées entières d’une nation à la vie d’un seul homme, qui avoit voulu tout tenir dans sa main, et qui maintenant ne voyoit pas à qui il pourroit sûrement remettre ce qui étoit sur le point de lui échapper ! C’est ainsi que l’orgueil, l’ambition, les faux systèmes, les flatteurs, corrompirent les grandes et bonnes qualités de ce roi, que la postérité commence à juger sévèrement[1], parce qu’une leçon terrible lui a appris à mieux

1 Le jugement qu’il porta de lui-même dans ces derniers moments où finissent toutes les illusions de l’homme, n’est guère moins rigoureux que celui de la postérité.

« Prêt à mourir, il fit appeler le dauphin qui devoit lui succéder. Ce prince n’avoit que quatre ans et demi ; ainsi le discours que son aïeul lui tint étoit plutôt une déclaration de ses sentiments adressée à ceux qui l’environnoient, qu’une instruction pour cet enfant qui ne devoit être de long-temps en état de l’entendre et d’en profiter : « Mon fils, lui dit-il, je vous laisse un grand royaume à gouverner ; je vous recommande surtout de travailler autant que vous pourrez à diminuer les maux et à augmenter les biens de vos sujets ; et, pour cet effet, je vous demande avec instance de conserver toujours précieusement la paix avec vos voisins comme la source des plus grands biens, et d’éviter soigneusement la guerre