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et réservèrent dès lors ces opinions libres pour de meilleurs temps.

Le principe du protestantisme se manifestoit

(Alexandre VIII) : il en coûtoit néanmoins à ce prince superbe d’avoir l’air de plier sur un point qui lui sembloit toucher à sa prérogative. Les magistrats, les ministres, et d’autres puissances, profitèrent constamment de cette disposition du monarque, et le tournèrent enfin de nouveau du côté de la déclaration, en le trompant comme on trompe toujours les souverains, non en leur proposant à découvert le mal que leur droiture repousseroit, mais en le voilant sous la raison d’état.

Deux jeunes ecclésiastiques, l’abbé de Saint-Aignan et le neveu de l’évêque de Chartres, reçurent, en 1713, de la part du roi, l’ordre de soutenir une thèse publique où les quatre articles reparoîtroient comme des vérités incontestables ; cet ordre avoit été déterminé par le chancelier de Pontchartrain[*], homme excessivement attaché aux maximes parlementaires. Le pape se plaignit hautement de cette thèse, et le roi s’expliqua dans une lettre qu’il adressa au cardinal de la Trémouille, alors son ministre près du Saint-Siége. Cette lettre, qu’on peut lire en plusieurs ouvrages, se réduit néanmoins en substance à soutenir « que l’engagement pris par le roi se bornoit à ne plus forcer l’enseignement des quatre propositions, mais que jamais il n’avoit promis de l’empêcher ; de manière qu’en laissant l’enseignement libre, il avoit satisfait à ses engagements envers le Saint-Siége[*]. »

Dès qu’on eut arraché la permission de soutenir les quatre articles, le parti demeura réellement vainqueur. Ayant pour lui une loi non révoquée et la permission de parler, c’étoit, avec la persévérance naturelle aux corps, tout ce qu’il falloit pour réussir. (De l’Église gallicane, p. 163.)

  • Nouvelles additions et corrections aux Opuscules de Fleury, p. 36. Lettre de

Fénélon, rapportée par M. Émery.

  • Histoire de Bossuet, t. ii, liv. vi, no  13, p. 214[** 215 ?  ? ] et seqq.