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rentes de l’hôtel-de-ville, par des manœuvres qui ne peuvent étonner de la part d’un homme dont la conduite envers Fouquet n’offre qu’un tissu de bassesses, de fourberies et de cruautés[1], mais qui étoient assurément fort indignes de la probité d’un grand roi. Enfin, ce qui eût été difficile pour qui auroit voulu avant tout être juste se fit très facilement par l’injustice et par la violence. Ce fut en même temps une occasion d’apprendre au parlement ce qu’il alloit être sous la nouvelle administration : le roi se rendit au palais, portant lui-même ses édits ; et sans laisser aux chambres le temps de les examiner, ordonna qu’à l’instant même ils fussent enregistrés, leur déclarant qu’à l’avenir il prétendoit qu’il en fût ainsi de tout ce qu’il lui plairoit d’envoyer à son parlement, sauf à écouter ensuite ses remontrances, s’il y avoit lieu.

grand nombre de familles, dont le plus clair et souvent l’unique revenu étoit en rentes constituées sur l’hôtel-de-ville. (Mém. de l’abbé de Choisi.-— Id. du comte de Bussi, t. 3.)

1 Fouquet étoit coupable sans doute ; mais Colbert qui, sous le masque hypocrite de la plus ardente amitié, abuse de sa confiance, l’attire dans un piége exécrable, et, lorsqu’il l’y a fait tomber, se montre son ennemi le plus implacable et le plus acharné, Colbert est mille fois plus coupable que lui. On ne peut lire sans indignation, et sans concevoir pour cet homme autant de haine que de mépris, les détails de cette manœuvre atroce et de ce vil espionage (Voyez les Mémoires de l’abbé de Choisi, t. 1, liv. 3).