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le soustraire entièrement à l’ascendant, de jour en jour moins sensible, que l’autorité spirituelle exerçoit encore sur les souverains. Il n’y réussit point entièrement, parce qu’il auroit fallu, pour obtenir un tel succès, que Louis XIV cessât d’être catholique ; mais le mal qu’il fit pour l’avoir tenté fut grand et irréparable[1]. Sous une administration si active et si féconde en résultats brillants et positifs, il y eut pour le grand roi un long enivrement ; et même, après qu’il fut passé, tout porte à croire que Louis XIV, nourri dès son enfance des doctrines de ce ministérialisme grossier, ne cessa point d’être dans la ferme conviction qu’il avoit enfin résolu le problème du gouvernement monarchique dans sa

1 « Il me paroît, a dit un homme très au fait de la matière, que ces prélats (les auteurs de la déclaration) ont semé dans le cœur des princes un germe funeste de défiance contre les papes, qui ne pouvoit qu’être fatal à l’Église. L’exemple de Louis XIV et de ces prélats a donné à toutes les cours un motif très spécieux pour se mettre en garde contre les prétendues entreprises de la cour de Rome. De plus, il a accrédité auprès des hérétiques toutes les calomnies et les injures vomies contre le chef de l’Église, puisqu’il les a affermis dans les préjugés qu’ils avoient, en voyant que les catholiques même et les évêques faisoient semblant de craindre les entreprises des papes sur le temporel des princes ; et, enfin, cette doctrine répandue parmi les fidèles a diminué infiniment l’obéissance, la vénération, la confiance pour le chef de l’Église, que les évêques auroient dû affermir de plus en plus. » (Lettres sur les quatre articles dits du Clergé de France, lettre ii, p. 5.)