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représenté comme un caractère atroce, comme un monstre d’ambition et d’hypocrisie, parce que l’exil ou la prison punirent quelques boute-*

ils étoient si odieusement diffamés, mérite d’être remarqué. Après avoir présenté ce livre comme un modèle d’éloquence et de bonnes plaisanteries : « Il est vrai, ajoute cet écrivain, qu’en totalité il portoit sur un fondement faux. On attribuoit adroitement à toute la société les opinions extravagantes de plusieurs jésuites espagnols et flamands. On les auroit déterrées aussi bien chez les casuistes dominicains et franciscains ; mais c’étoit aux seuls jésuites qu’on en vouloit. On tâchoit, dans ces lettres, de prouver qu’ils avoient un dessein formé de corrompre les mœurs des hommes, dessein qu’aucune secte ; aucune société n’a jamais eu et ne peut avoir. Mais il ne s’agissoit pas d’avoir raison, il s’agissoit de divertir le public. » (Siècle de Louis XIV.)

Voilà ce qu’a dit le patriarche de la philosophie moderne, ce qui n’empêche pas de braves philosophes de continuer à nous présenter tous les jours, comme la doctrine fondamentale de la compagnie de Jésus, toutes les folies et toutes les absurdités que Pascal a recueillies dans son livre.

Il ne sera peut-être pas hors de propos de faire connoître ici comment fut reçu, à son apparition, ce livre classique, ce chef-d’œuvre, devant lequel s’extasient les rhéteurs, les littérateurs de collége, et toute cette tourbe de pédants qui, dans les ouvrages d’esprit, ne voient que l’arrangement des paroles, et s’inquiètent peu que l’auteur ait du sens, pourvu que ses phrases soient nombreuses et ses périodes bien arrondies.

A peine les Provinciales eurent-elles paru, que Rome les condamna. De son côté, Louis XIV nomma pour l’examen de ce livre treize commissaires, archevêques, évêques, docteurs ou professeurs de théologie, qui donnèrent la décision suivante :

« Nous soussignés, etc., certifions, après avoir diligemment examiné le livre qui a pour titre : Lettres provinciales (avec les notes de Vendrock-Nicole), que les hérésies de Jansénius, condamnées