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  • dirent que la bulle étoit obscure, et ne devoit

être acceptée qu’après que le pape auroit donné, sur ces obscurités, les éclaircissements qu’ils proposoient de lui demander. On passa outre : quarante évêques acceptants écrivirent au pontife pour lui rendre leurs actions de grâces, et lui faire connoître leur acceptation ; il fut ordonné au parlement d’enregistrer la bulle, et en cette occasion il fit bien connoître quel étoit son esprit : car, quoique ce fût Louis XIV qui donnât cet ordre, il n’enregistra néanmoins qu’avec les réserves des droits de la couronne, des libertés gallicanes, du pouvoir et de la juridiction des évêques, hasardant même de faire une censure indirecte de celle que le pape avoit faite lui-même de la cent et unième proposition[1]. Immédiatement après l’enregistrement, une lettre du roi, adressée à la faculté de Sorbonne, lui intima également l’ordre d’insérer la bulle sur ses registres.

C’étoit ainsi que Louis XIV entendoit les libertés gallicanes, quand il étoit de l’avis du

1 Cette proposition, devenue fameuse par les débats qu’elle fit naître, porte « que la crainte d’une excommunication injuste ne doit jamais nous empêcher de faire notre devoir. » Or, qui ne voit qu’une semblable doctrine tend à rendre chaque individu juge en dernier ressort, et de son devoir, et des censures de l’Église dont il est libre ainsi de toujours contester à son égard la juste application, ce qui établit pleinement le principe protestant du jugement particulier, et toutes ses conséquences.