lorsqu’un misérable incident, que plusieurs assurent
n’avoir point été prémédité, lui fit prendre
tout à coup des résolutions entièrement opposées.
Par l’imprudence d’un libraire, les instructions
pastorales de deux évêques, et le mandement
d’un troisième[1], portant condamnation
du livre de Quesnel, furent affichés aux
portes même de l’archevêché. Le cardinal crut
y voir une insulte, et son amour-propre déjà
froissé s’en exaspéra : il publia aussitôt une ordonnance
contre ces mandements, où les deux
évêques et leurs doctrines étoient fort maltraités[2].
Ceux-ci portèrent plainte directement
au roi, dans une lettre où ce prélat étoit présenté
comme fauteur d’hérétiques : les partisans du
cardinal répondirent ; les évêques répliquèrent,
et la querelle s’échauffa dans une multitude d’écrits
qui se succédèrent très rapidement.
Le roi fit examiner cette affaire, et la déci-*
1 Les instructions pastorales étoient des évêques de Luçon et de La Rochelle, le mandement étoit de l’évêque de Gap.
2 Le cardinal poussa plus loin son ressentiment et jusqu’à l’excès le plus condamnable ; car supposant, sans en avoir aucune preuve, que deux jeunes ecclésiastiques, neveux de deux de ces évêques, et qui étudioient au séminaire de Saint-Sulpice, n’étoient point étrangers à l’affront qu’il venoit de recevoir, il ordonna qu’ils fussent à l’instant même chassés de cette maison. Cependant il fut prouvé par la suite que c’étoit très injustement qu’ils avoient été soupçonnés ; et sans doute il étoit plus injuste encore de les avoir condamnés sur un simple soupçon.