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En ce genre, et d’après son système, ses premiers choix peuvent être considérés comme heureux : Colbert et Louvois furent de grands ministres[1], si ce nom peut être donné à d’habiles administrateurs, à des hommes actifs, vigilants, rompus à tous les détails du service dont ils avoient acquis une longue expérience dans des emplois subalternes, capables en même temps d’en saisir l’ensemble avec une grande perspicacité, et d’y apporter de nouveaux perfectionnements. Mais si, pour mériter une si haute renommée, ce n’est point assez de se courber vers ces soins matériels, et qu’il faille comprendre que les sociétés se composent d’hommes et non de choses, que leur véritable prospérité est dans l’ordre que l’on sait établir au milieu des intelligences ; enfin, si gouverner est autre chose qu’administrer, nous ne craignons pas de le dire, jamais ministres ne se montrèrent plus étrangers que ces deux personnages, si étrangement célèbres, à la science du gouvernement ; et les jugeant par des faits irrécusables, il nous sera facile de prouver que tous les deux furent funestes à la France, et lui firent un mal qui n’a point été réparé.

1 Ses autres ministres étoient le marquis de Lionne et Michel Le Tellier, père de Louvois. Ces deux personnages, et le surintendant des finances Fouquet, administroient toutes les affaires sous le cardinal. Le roi les avoit conservés, et lors de la chute de Fouquet, Colbert remplaça celui-ci sous le titre de contrôleur-généra[** l. ]